Restauration de la « Mise au Tombeau »
Ce projet est en cours de montage par la mairie et est soutenu par la Phave.
Cette mise au tombeau, datée du XVe XVIe siècle, est placée dans une chapelle latérale de la Collégiale, sous étais depuis 2004, non visible par le public.
Il s’agit d’un ensemble fameux et unique dans la région.
Elle est sculptée dans le grand mouvement des mises au tombeau du XVIe siècle, elle accuse un style bourguignon.
Peut-être pourrait-elle provenir du mécénat de Jean de Bourgogne, Comte d’Eu.
En février 2005, Régis Martin ACMH a fait un devis des travaux envisagés. Ce dernier s’élève à 57.000€, coût révisé par la Ville en 2009 à 80.000€.
Subventions possibles à 60%+ (monument classé, 1840).
Les Mises au tombeau – dernier épisode de la Passion du Christ – conservées en France sont, pour les plus connues, des groupes de statues monumentales en ronde-bosse, en bas ou hauts-reliefs ; mais il en existe aussi en mosaïque, en céramique, sous forme de vitrail, de peinture murale ou comme élément de retable. Lorsqu’elles sont peintes sur bois, sur toile, sur parchemin… elles se retrouvent plutôt dans la sphère privée : chapelles, enluminures de livres d’heures.
La représentation sculptée de la Mise au tombeau apparaît vers le milieu du XVème siècle et s’est répandue jusqu’à la fin du XVIème siècle et parfois même au-delà. On en dénombre encore 450 en Europe. Elles sont révélatrices de la mentalité de la société de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance, période où, dans l’art, domine la représentation de la souffrance, la douleur et la mort. Cependant, la plupart, loin d’être lugubres, sont imprégnées de sérénité et invitent à la méditation.
Une mise au tombeau, lorsqu’elle est complète, se compose de sept personnages entourant le huitième, Jésus-Christ, allongé dans un sarcophage et/ou un linceul. Ce sont : Marie, sa mère, l’apôtre Jean, les trois saintes femmes (Marie-Madeleine, Marie-Salomé et Marie-Cléophas), Joseph d’Arimathie et Nicodème.
Objectif : la rendre à nos regards, 20 ans plus tard !
Ce qui fait l’originalité de la Mise au tombeau de Eu, c’est qu’elle est une des rares en France à être toujours dans son emplacement d’origine : la chapelle du St Sépulcre, chapelle rayonnante située du côté sud de la collégiale.
On y descend par un escalier de cinq marches, après avoir franchi une porte d’entrée dont l’accolade surmontée d’une sculpture de Dieu le Père porte l’inscription semi-brisée « Ecce locus ubi posuerunt eum », (voici le lieu où ils l’ont mis). Au-dessus de cette chapelle, se trouvait autrefois l’ancienne salle du trésor de l’Abbaye.
La mise au tombeau de Eu est reconnue comme l’une des plus belles de Normandie et peut être même de France.
Elle est composée d’un dais de pierre orné de feuillages, guirlandes… portant l’inscription : « Pour celui quy le donne, dites Ave Maria Amen ». Cela fait allusion au donateur qui, jusqu’à ce jour reste incertain (Jean de Bourgogne, comte d’Eu ou Jean de Montpelle dernier abbé régulier de l’abbaye des Moines de St Victor).
Le statuaire est un ensemble polychrome et doré. Le Christ est étendu sur un linceul soutenu par Jean d’Arimathie et Nicomède. Autour du Christ s’alignent la Vierge soutenue par St Jean, les trois Marie (Marie-Cléophas, Marie-Salomé et Marie-Madeleine) et Marthe (cet ajout est très rare dans les mises au tombeau connues).
Derrière les personnages, une peinture murale représentant Dieu le Père bénissant, au centre, et, sur les côtés deux anges présentant les objets de la passion, le tout accompagné d’un motif floral. Cette peinture ne serait pas de la même époque que le statuaire.
Il existe à Dieppe, dans l’église St Jacques, une mise au tombeau polychrome comprenant les huit personnages habituels qui est une copie XIXème siècle de l’ensemble situé dans la Collégiale d’Eu.
Chaque année, la collégiale Notre-Dame et St Laurent accueille à Eu près de 23.000 visiteurs qui reviendront pour admirer enfin ce qu’il n’ont pas pu voir pendant longtemps.
Eléments Contextuels sur les « Mises au Tombeau » :
La Mise au tombeau est un thème qui revient régulièrement et nous donne des groupes sculptés impressionnants, souvent à taille réelle. Cette scène est le dernier épisode de la Passion raconté par les Évangiles : le corps de Jésus est réclamé par Joseph d’Arimathie pour l’ensevelir en urgence avant le sabbat. La mise au Tombeau du Christ est un événement relaté par les quatre évangélistes mais le récit diffère sensiblement dans l’Evangile de saint Jean.
La loi de Moïse interdisait qu’un cadavre reste exposé sans sépulture durant la nuit, surtout à la veille du Sabbat, et c’est la raison pour laquelle Joseph d’Arimathie, disciple en secret du Christ, alla demander à Pilate le droit de descendre le supplicié de la croix et de l’ensevelir. Il enroula donc le corps dans un linceul et le plaça dans une tombe taillée dans le roc puis roula une pierre ronde devant l’ouverture. Comme on était à quelques heures du commencement du Sabbat, il pensait attendre la fin de celui-ci pour procéder aux rites prescrits.
Cette version de Mathieu, Marc et Luc semble plus vraisemblable que celle de Jean. Celui-ci fait intervenir Nicomède qui le rejoint, apportant un mélange de myrrhe et d’aloès d’un poids énorme de 100 livres. Ils eurent même le temps de l’entourer de bandelettes imprégnées d’aromates selon les usages et cela en moins de 3 heures.
Il peut y avoir des personnages supplémentaires mais on retrouve habituellement la même structure dans ces groupes sculptés : Jésus dans un linceul, Joseph d’Arimathie à la tête et Nicodème aux pieds ; Jean qui soutient Marie et 3 femmes : Salomé, Marie de Magdala et Marie Cléophas, les 2 dernières portant les pots pour l’embaumement. Le motif peut présenter des variantes : plus proche de la Descente de croix, avec Marie qui soutient Jésus, ou de l’ensevelissement, où les hommes tiennent ou soulèvent le suaire.
Les récits des évangélistes varient mais tous sont au moins d’accord sur la présence de femmes à la crucifixion et sur le rôle de Joseph. Les femmes présentes accompagnaient Jésus depuis la Galilée et subvenaient aux besoins de son groupe. Le nombre de femmes n’est pas défini, de 2 à 5 ou 6 : en plus de Marie, sa mère, on parle notamment de Marie de Magdala, Marie Cléophas et Salomé. Jean parle de la mère de Jésus et de « l’autre Marie » au pied de la croix, ce n’est pas très précis.
Marie de Magdala (Marie Madeleine) avait déjà oint Jésus lors d’une réception et ira au Sépulcre pour l’embaumement le lendemain du sabbat, c’est la première à découvrir le tombeau vide et à voir Jésus ressuscité. Elle est assimilée, peut-être à tort, à la pécheresse qui avait versé du parfum sur les pieds de Jésus ; d’autres versions penchent plutôt pour Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et Lazare.
Salomé est la « mère des fils de Zébédée » (Jacques le Mineur et Joset [Joseph]) et Marie Cléophas est la mère de Jacques le Majeur (celui de Compostelle), elle accompagne sans doute Marie Madeleine au Sépulcre pour l’embaumement. On ne sait pas si elle est liée à Cléophas (Clopas) qui rencontre Jésus à Emmaüs.
Le rôle de Joseph d’Arimathie est reconnu : il demande le corps de Jésus à Pilate, procède peut-être lui-même à la descente de croix et met le corps dans une tombe neuve, sans doute la sienne. Il est accompagné de Nicodème, dignitaire juif. On parle beaucoup de leur rôle dans l’apocryphe Actes de Pilate : Joseph est enfermé par les autorités religieuses juives mais il est délivré miraculeusement et voit Jésus ressuscité. Il est défendu par Nicodème qui avait déjà pris le parti de Jésus contre le reste du Sanhédrin. Le rôle de Joseph est aussi magnifié par la littérature puisqu’il est à l’origine du mythe du Graal.
Il n’y avait pas d’apôtres au pied de la croix, à part Jean qui revendique une présence non confirmée par les autres textes mais entérinée par la tradition.
A l’arrière-plan se tient Marie, épouse de Cléophas, une proche parente de la Vierge et mère des 3 apôtres. Marie Salomé, femme de Zébédée, demi-sœur de Marie, mère des apôtres de Jacques et Jean, essuie-t-elle aussi ses larmes, c’est pourquoi ces deux femmes sont parfois assimilées à des pleureuses professionnelles. Marie-Madeleine est reconnaissable au pot d’aromates qu’elle porte et avec lesquels elle avait essuyé les pieds de Jésus l’implorant de lui pardonner sa vie de pécheresse.
Vous pouvez consulter aussi :
Mise au tombeau sur Wikipedia
Liste des mises au tombeau de France